Sabina Loriga : « de l’oubli historique »

Sabina Loriga : de l'oubli historique / Un… par centrepompidou

« Longtemps, l’oubli du passé a été considéré comme un indice de progrès. Si Galilée méprisait les “docteurs de la mémoire”, toujours prêts à vivre de souvenirs, Pascal et Francis Bacon voyaient dans l’’histoire une discipline qui ne sait pas oublier, esclave du passé, donc fatalement destinée à être soumise au principe de la tradition. Ce reproche a été reconduit à la fin du XIXème siècle et dans les premières décennies du XXème siècle. Après Nietzsche, la conscience historique a été ressentie comme une “fièvre”, une entrave à la compréhension profonde de l’expérience humaine. Paul Valéry, Virginia Woolf, Italo Svevo, partageaient le sentiment exprimé par Stephen Dedalus dans l’Ulysse : l’histoire est un cauchemar à oublier. Est-il encore ainsi ? En fait, dans les dernières décennies, de nombreux écrivains semblent avoir « découvert » la valeur de la mémoire. Loin de considérer le passé comme un cauchemar à oublier, ils visent à témoigner pour le témoin. A partir de quelques exemples récents, j’examinerai ce changement d’attitude ainsi que ses implications pour les rapports entre historiographie et fiction. »

Sabina Loriga

Sabina Loriga est historienne, directrice d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris.. Ses recherches portent principalement sur les rapports entre histoire et biographie, les constructions du temps historique, les usages publics du passé.
Elle a publié notamment: Le petit x. De la biographie à l’histoire, Paris, Seuil, 2010 ; Soldats. Un laboratoire disciplinaire : l’armée piémontaise au XVIIIème siècle, Paris, Belles Lettres, 2007 ; La juste mémoire. Lectures autour de Paul Ricœur, Genève, Labor et Fides, 2006 (en collaboration avec Olivier Abel et al.).