Category Archives: Littérature

Umberto Eco: The Library as a Model for Culture: Preserving, Filtering, Deleting & Recovering

This is a lecture by renowned Italian author and scholar Umberto Eco, which he delivered at the Yale University Art Gallery on Friday, Oct. 18, 2013. The lecture’s full title is The Library as a Model for Culture: Preserving, Filtering, Deleting and Recovering.

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Barbey d’Aurevilly polémiste

Jules Barbey d’Aurevilly

3 conférences données lors du Colloque organisé par l’Equipe “Littérature et Herméneutique” (ELH) / Laboratoire “Patrimoine, Littérature, Histoire” (PLH) à l’Université Toulouse-Le Mirail (Toulouse 2), 26-28 mars 2008.

“L’histoire de la polémique à notre époque est l’histoire même du journalisme.” C’est sur cette vision d’un XIXe siècle polémique par excellence que Pierre Larousse conclut l’article qu’il consacre à cette notion : un siècle fécond en batailles de mots et d’idées, qui trouvent dans la presse – alors en pleine expansion – un vecteur privilégié et une caisse de résonance sans précédent. Comme beaucoup d’écrivains de l’époque, Barbey d’Aurevilly se jette dans l’arène avec une fougue et une endurance qui le distinguent, et qui lui valent, entre autres, la réputation d’éreinteur que l’on sait. C’est précisément cette image de l’éreinteur que ce colloque sur la polémique permettra d’affiner : en dégageant, à côté de la posture du pamphlétaire, celle d’un écrivain qui discute, argumente et questionne un certain nombre de pratiques et de valeurs selon une démarche dynamique et constructive. Or cette démarche, sans rien perdre de sa véhémence ou de son intransigeance, n’est ni sans évolutions ni sans nuances, ce qui la rend d’autant plus intéressante à observer. Afin de mieux cerner l’importance, les caractères et les enjeux de la polémique aurevillienne, ce colloque organisé à l’occasion du bicentenaire de la naissance de l’écrivain avec le soutien des Célébrations nationales se propose d’aborder la question selon les axes suivants :

– La place de la polémique dans l’activité critique de Barbey.
– Les ressorts ou les soubassements réels et imaginaires de cette attitude et de cette activité polémiques.
– Les cibles ou les adversaires de la polémique chez Barbey, et les différents domaines dans lesquels elle s’exerce.
– Les objets privilégiés de la polémique aurevillienne
– Les formes et les modalités de la polémique aurevillienne.
– L’articulation de l’attitude ou du genre de la polémique avec d’autres dimensions que Barbey revendique : la fantaisie, la légèreté, le jeu, la fiction…

Claude Simon géographe.

Claude Simon

Une série de 17 conférences données lors du colloque international “Claude Simon géographe” organisé par l’Équipe Littérature et Herméneutique du laboratoire Patrimoine Littérature Histoire (PLH) de l’Université Toulouse II-Le Mirail. Toulouse : Université Toulouse II-Le Mirail, 26-27 mai 2011.

L’œuvre de Claude Simon, réputée pour son rapport à l’Histoire, fait aussi une large place à la géographie, ce qui d’ailleurs n’a rien de contradictoire. L’auteur ne donne-t-il pas pour épigraphe à L’Invitation, récit d’un voyage en URSS, cette phrase de Bismarck : « Le seul facteur permanent de l’Histoire, c’est la géographie » ? Face au chaos des guerres et des révolutions, la géographie assure cette permanence où le matérialiste qu’est profondément Claude Simon trouve une forme de paix, dans l’acquiescement à un monde qui « ne signifie rien – sauf qu’il est » (Discours de Stockholm).
Certes, Simon n’est pas comme Gracq un géographe de formation. Le trajet serait plutôt inverse : non de la géographie vers l’écriture, mais de l’écriture vers la géographie. C’est en puisant à sa mémoire d’enfant, de soldat, de voyageur, qu’il en vient dans ses romans à reconstruire l’espace dans une véritable écriture de la terre. Captivé par les reliefs, les climats, la végétation, mais aussi par la topologie et la métamorphose des villes, il est de plus en plus un « écrivain géographe ». Dès Le Vent, les facteurs climatiques et urbains jouaient un rôle aussi important, voire davantage, que ce qu’il y subsistait encore d’« intrigue romanesque ». Tout le cycle de 1940 (de La Route des Flandres au Jardin des Plantes) développe le rapport de la guerre à la terre et aux territoires, que l’on retrouve aussi dans Les Géorgiques avec l’évocation des campagnes de l’ancêtre, le général L. S. M., à travers toute l’Europe, sous la Révolution et l’Empire. La ville conçue comme un grand corps vivant, mais aussi malade, qu’il s’agisse de Perpignan ou de Barcelone, est longuement évoquée d’Histoire au Tramway. Le voyage, et en particulier le voyage en avion, révèle la fascination qu’exerce sur l’écrivain la morphologie terrestre, dans Les Corps conducteurs, L’Invitation ou Le Jardin des Plantes.
L’œuvre photographique fait aussi une place significative au paysage, par exemple dans le grand « Paysage d’Espagne » d’Album d’un amateur, dans les vues aériennes de la revue Du, ou dans les visions des Corbières arides de Mythologie. La géographie peut même fournir une image de l’œuvre et de ses strates temporelles, comme la fameuse structure « en puits artésien » de La Route des Flandres, dessinée dans « La fiction mot à mot ». Quant à la figure de l’écrivain, Claude Simon la représente tantôt par l’Orion aveugle de Poussin, fondu dans le paysage comme « partie intégrante du magma de terre, de feuillage, d’eau et de ciel qui l’entoure », tantôt comme un « explorateur » se frayant un chemin « dans une contrée inconnue » et en dressant une « carte approximative » (Discours de Stockholm). Comment mieux dire que, matériellement et métaphoriquement, l’écriture a partie liée avec la géographie ? L’objet de ce colloque est donc de prendre toute la mesure de cette géographie simonienne, en tant qu’elle s’articule au monde réel, mais aussi et surtout en tant qu’elle se construit comme monde poétique, dans la rencontre entre une mémoire et un imaginaire, au « présent de l’écriture ».

Sylvie de Nerval et les genres lyriques : l’idylle, l’élégie, la satire.

Conférnce : Sylvie de Nerval et les genres lyriques : l’idylle, l’élégie, la satire.
À partir des catégories de Schiller, distinguant la « poésie naïve » et la « poésie sentimentale », nous montrerons comment le récit de Sylvie, en faisant jouer l’opposition de l’idéal et de la réalité, relève d’une poétique hybride, associant les trois genres lyriques fondamentaux que sont, selon Schiller, l’idylle (représentée par Sylvie), l’élégie (représentée par Adrienne), et la satire (portée par la voix narrative).

Entre scène et chambre: dilemmes de la représentation littéraire de Montaigne à Claude Simon

Conférence de Stéphane LOJKINE.

A partir de l’analyse d’un tableau de Pieter Lastman représentant L’ambassade du médecin Hippocrate, envoyé par les Abdéritains auprès de Démocrite devenu fou, Stéphane Lojkine tente de penser la place de la représentation littéraire, entre la philosophie (la chambre de la mélancolie de Démocrite), la rhétorique (la scène que joue Hippocrate), et l'”ecclesia” (l’espace public formé par les Abdéritains). La littérature est le ménagement de cette chambre, de cette scène et de cette ecclesia.
Elle naît en tant que représentation littéraire avec Montaigne, qui, dans “De l’amitié”, identifie ses Essais à un mur peint dont manquerait la peinture centrale : c’est la “Servitude volontaire” de La Boétie, qu’il ne publiera finalement pas, sans doute parce qu’il a été rattrapé par le politique, via la propagande protestante. A cet espace public central mais vide s’opposent les grotesques du cadre, où Montaigne installe sa méditation intérieure, et la scène des Essais, qui fait le lien entre le vide politique central et les grotesques de l’intime. De la même façon sur une fable de La Fontaine, extraite du livre VIII, “L’horoscope”, puis sur les scènes de quiproquo inversé de l’acte II du Mariage de Figaro, le conférencier montre comment la littérature utilise mais déçoit la rhétorique, la scène s’effaçant devant la chambre, ou le cabinet, le discours de l’orateur laissant place au charme mystérieux de la voix de la comtesse, le “clou” réel du tableau se substituant à celui rhétorique de la pointe. Mais c’est au XIXe siècle que la chambre triomphe de façon décisive de la scène : dans l’Education Sentimentale, la garçonnière de la rue Tronchet, que Frédéric prépare pour son rendez-vous avec Mme Arnoux, se superpose à la chambre du fils malade de Mme Arnoux, où celle-ci demeure, ratant son rendez-vous. Ce n’est pas l’ecclesia qui manque (la révolution de 1848 passe pendant l’attente de Frédéric) ; c’est la scène qui constitue désormais le vide central : le roman flaubertien annonce des scènes auxquelles il renonce. Cet effacement de la scène prépare, avec le nouveau roman de Claude Simon, la fin de l’ère de la représentation, la narration s’enroulant autour de la mort mystérieuse du capitaine de Reixach, scène originaire qui constitue elle-même un blanc, un vide, inscrit cette fois au point de départ du récit.