Category Archives: De 30mn à 1 heure

Barbara Cassin : Vers un monde de travailleurs sans travail ?

L’Homme performatif.

Le pire scénario de demain, avait prédit Hannah Arendt, serait « une société de travailleurs sans travail, c’est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste ». Comment évoluer alors entre le marteau de la précarité et l’enclume de la performance généralisée, qui fait de la qualité quelque chose comme une propriété émergente de la quantité, et dont nous ne cessons de souffrir, jusque dans les métiers les moins soupçonnables de pénibilité ? – “Nous, citoyens, administrés, professionnels, étouffons derrière les grilles d’évaluation. Il faut coûte que coûte entrer dans les cases. Il faut réduire chacun de nos actes à une série d’items pour qu’ils soient quantifiables, performants. Ce que nous faisons les uns et les autres n’a plus de sens : nous ne reconnaissons plus nos vies dans la représentation du monde ainsi formaté.”

Dans l’ouvrage collectif Derrière les grilles qu’elle a dirigé aux éditions Mille et une nuits, la philosophe Barbara Cassin s’insurge contre l’irrésistible domination exercée sur nos vies au nom de l’évaluation et de la “qualité” : de notre naissance à notre mort, ce dispositif formate sur le modèle des agences de notation notre relation au travail, à l’éducation, au bien public, à notre santé… Pouvons-nous encore échapper à la mise en grille du monde ? Ou tout au moins la subvertir ?

Enregistré le 31 janvier 2014 dans la salle Roland Topor Théâtre du Rond-Point. Conférence organisée par Jean-Daniel Magnin et Amine Khaled pour le Rond-Point En partenariat avec Cinaps TV et Rue 89.
Publié le 4 février 2014 sur ventscontraires.net, la revue en ligne du Théâtre du Rond-Point

Le nouveau Système International d’Unités

Le système global de mesure qui repose sur le Système International d’Unités (SI) est le cadre actuel assurant la fiabilité et l’exactitude des mesures au niveau international. Un tel système de mesure, transnational et réellement global est indispensable au commerce, à l’industrie et donc développement de nos sociétés modernes. En 2018 le Comité International des Poids et Mesures (CIPM) prévoit de redéfinir le SI. Cette redéfinition consistera principalement à fixer la valeur d’un jeu de constantes fondamentales dimensionnées (la valeur de la constante de Boltzmann, par exemple, sera fixée pour redéfinir le kelvin). Cette réforme profonde de notre système de mesure qui reposera sur les meilleures déterminations des constantes fondamentales a pour objectif la mise en place d’un SI plus simple et plus cohérent.

Ce que l’Europe doit à la Grèce et à Byzance

Une des questions les plus intéressantes que peut se poser l’historien dans ses recherches et dans son approche du temps, est sans nul doute celle de la transmission. Comment les sciences, comment la pensée, comment les arts se transmettent t’ils d’une époque à une autre ? Comment des idées, un ensemble de valeurs peuvent-ils traverser les âges et produire de nouveaux fruits, des années, des siècles, voire un millénaire après leur apparition ? Comment enfin, en dépit des crises des temps, des décadences, des forces contraires, “une flamme” se maintient-elle ? Storiavoce vous propose de comprendre comment la culture grecque est passée dans le monde européen. Quels ont été les éléments culturels transmis ? Quel rôle a joué l’empire byzantin comme vecteur de cette transmission ? Quels furent les routes, les intermédiaires, les supports de cet univers qui fonde notre humanisme et, disons-le, notre civilisation ? Une émission avec l’historien Sylvain Gouguenheim, interrogé par Christophe Dickès.

The Deep Learning Revolution: What Does It Tell Us About Our Understanding of Intelligence?

The surprising success of learning with deep neural networks poses two fundamental challenges: understanding why these networks work so well and what this success tells us about the nature of intelligence and our biological brain.
Our recent Information Theory of Deep Learning shows that large deep networks achieve the optimal tradeoff between training size and accuracy, and that this optimality is achieved through the noise in the learning process. In this talk, I will mainly address the relevance of these findings to the nature of intelligence and the human brain.

Naftali Tishby (Hebrew University of Jerusalem)

Simons Institute

Pen Testing A City

by Greg Conti & Tom Cross & David Raymond

How would you take down a city? How would you prepare for and defend against such an attack? The information security community does a great job of identifying security vulnerabilities in individual technologies and penetration testing teams help secure companies. At the next level of scale, however, things tend to fall apart. The information security of cities, the backbone of modern civilization, often receives little to no holistic attention, unless you count the constant probing of nation state aggressors. The information technology infrastructure of cities is different from other entities. Cities feature complex interdependencies between agencies and infrastructure that is a combination of federal, state and local government organizations and private industry, all working closely together in an attempt to keep the city as a whole functioning properly. Preparedness varies widely. Some cities have their act together, but others are a snarl of individual fiefdoms built upon homegrown technological houses of cards. If you can untangle the policy and politics and overcome the bureaucratic infighting to create workable leadership, authorities, and funding, you are still faced with an astronomically complex system and an attack surface the size of, well, a city. Our talk identifies these necessary precursor steps and provide a broadly applicable set of tools to start taming and securing, such an attack surface.

In this talk, we first explore a notional city, deconstruct it layer by layer, and use these insights to suggest a comprehensive methodology for reverse engineering any city and deriving its attack surface. We complement these insights with a broad analysis of proven capabilities demonstrated by hacker and information security researchers as well as known capabilities of criminal and nation-state actors applicable to city-level attacks. Next, we develop a coherent strategy for penetration testing as an approach to highlight and then mitigate city-level vulnerabilities. Finally, we conclude with a wide-ranging set of approaches to complement pen testing efforts, including exercises and collective training, metrics and a maturity model for measuring progress, and specialized city-level attack/defend ranges. You’ll leave this talk fearing for the survival of your respective country, but also possessing a toolkit of techniques to help improve the situation. By better securing cities we have a glimmer of hope in securing nations.

La fin du capitalisme ?

Dans cette conférence, Thomas Piketty s’interrogera sur la signification d’une possible « fin du capitalisme », ou plus précisément sur le type de transformation des rapports de propriété – ou de retour à des formes de rapports antérieurs – que sous-tendent les évolutions en cours. Pour cela, il remettra dans une perspective longue l’histoire des différentes formes de possession et de structures inégalitaires. Dans le prolongement des réflexions engagées dans son ouvrage « Le capital au xxie siècle », il s’interrogera en particulier sur la signification de tendances récentes telles que la remontée de la concentration des patrimoines et des revenus, l’interpénétration des détentions financières entre pays, la progression de la propriété immatérielle ou encore le développement de nouveaux propriétaires à but non lucratif.

Le grand mystère des mathématiques

Disponible du 21/07/2018 au 28/07/2018

Omniprésentes dans les sciences et les technologies, les mathématiques sont-elles une invention ou une découverte, une science propre à l’humanité ou le langage même de l’univers ? Une enquête vertigineuse et originale au coeur d’un débat fascinant qui dure depuis l’Antiquité.
Omniprésentes dans les sciences et les technologies, les mathématiques sont parvenues à décrypter les orbites elliptiques des planètes, à prédire la découverte du boson de Higgs ou à faire atterrir le robot Curiosity sur Mars. De tout temps, l’homme, en quête de cycles et de motifs, les a utilisées pour explorer le monde physique et pour comprendre les règles de la nature, du nombre de pétales des fleurs (répondant à des “suites”) à la symétrie de notre corps. La réalité possède-t-elle une nature mathématique inhérente ou les mathématiques sont-elles de précieux outils créés par l’esprit humain ?

Voyage visuel
Depuis l’Antiquité grecque, leur universalité et leur efficacité ont nourri débats philosophiques et métaphysiques. Sur les traces de Pythagore (qui avait notamment établi des liens entre mathématiques et musique), Platon, Galilée, Newton ou Einstein, le film, ludique, sonde leur fascinant mystère et leur évolution au fil des siècles, en compagnie de Mario Livio, astrophysicien américain renommé, et de nombreux mathématiciens, physiciens et ingénieurs. Une enquête captivante, formidablement illustrée d’exemples, en même temps qu’un voyage visuel vertigineux. Entre construction neuronale et ordre cosmique, à la frontière de l’invention et de la découverte, les mathématiques, extraordinaire énigme, n’ont pas fini de révéler, d’anticiper et de surprendre.

L’Europe des images

Leçon inaugurale de Victor Stoichita prononcée le 25 janvier 2018.
Accédez à ses cours et séminaires “L’Europe des Images” :
https://www.college-de-france.fr/site…

Selon une étymologie purement grecque, « Eurôpè » (ευρωπη) proviendrait de deux mots grecs : eurýs et ṓps. Le premier, eurýs, signifie soit large, qui s’étend en largeur, soit vaste, qui s’étend au loin ; le second, en grec ancien ṓps, signifie soit regarder en face, soit œil. Eurôpè, « [celle qui a] de grands yeux », devint un prénom féminin donné à plusieurs personnages mythologiques grecs, et notamment à la fameuse fille d’Agénor enlevée par Zeus déguisé en taureau.

Cette étymologie, qui n’est pas la seule possible, a une indubitable valeur symbolique. Elle interroge la place du regard, de l’image, voire de l’art dans la constitution de l’identité et de la différence européennes. Brûlante aujourd’hui, cette question n’est pas nouvelle. Les premiers historiens de l’art opéraient par des emboîtements successifs. Ainsi, pour Giorgio Vasari, l’art renaît après les siècles de survie souterraine en Italie, ou pour être plus précis en Toscane, ou pour être plus précis encore à Florence. La quête d’un centre hantera les esprits jusqu’à l’époque des Lumières avec pour résultat l’utopie du « Museum », dont le Louvre est l’héritier direct. L’Atlas « Mnémosyne » imaginé beaucoup plus tard par Aby Warburg proposa en revanche la virtualité d’un réseau d’images s’enchaîne idéalement à perte de vue.